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Témoignage de Daniel DESORMIERE (CNA/C 55, ITNA/EC 59 et IAC 69)

01 juillet 2025 Brève
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A l'association, nous recevons parfois des courriers touchants. Voici un très beau témoignage d'un parcours méritocratique tout à fait exemplaire, celui de Daniel DESORMIERE, 3 fois diplômé de l'ENAC : CNA/C 1955, ITNA/EC 1959 et IAC 1969 !


Monsieur le Président et cher ami,

Je viens de découvrir, sur le site du GIACRE, la vidéo d'ENAC Alumni réalisée à l'occasion de la fête du 30000ème Alumni de l'ENAC et je l'ai visionnée avec intérêt. Je suis très impressionné par tous ces témoignages et le magnifique développement de l'ENAC depuis la période où je l'ai connue.

Bien que je sois à présent éloigné par l'âge (88 ans) de toutes ces festivités et activités, je n'en reste pas moins attaché sentimentalement à cette école, où je n'ai que de bons souvenirs. Je suis particulièrement reconnaissant envers l'ENAC, où j'ai été « triplement » élève, car cette école a joué un véritable rôle d'ascenseur social pour moi.


Première étape : Contrôleur de la Navigation Aérienne

L'ENAC n'avait que sept ans lorsque j'y suis entré pour la première fois en tant qu'élève contrôleur de la navigation aérienne (Promotion CNA/C55, la même que Marc Hamy père) pour une formation d'un an. Après 26 mois de service militaire dans une tour de contrôle en Afrique du Nord, j'ai exercé la fonction pendant un an CCR Nord d'Athis Mons, qui venait juste d'être mis en service.


Deuxième étape : Ingénieur des Travaux de la Navigation Aérienne

Je suis revenu à l'ENAC en 1959 comme élève Ingénieur des Travaux de la Navigation Aérienne (Promotion ITNA/EC59) pour une formation de trois ans. Ma promotion a servi de cobaye pour roder le nouveau programme de formation des pilotes de ligne, mis en place l'année suivante avec le recrutement de la première promotion d'élèves pilotes. Sur la base du volontariat, j'ai passé les épreuves théoriques de l'examen de pilote de ligne en cours de scolarité, pour démontrer que cette nouvelle formation de l'ENAC était bien calibrée. Nous avons été deux à décrocher ce sésame national, faisant ainsi oeuvre de pionniers pour notre école. Je suis également devenu pilote des corps techniques à cette époque. J'ai passé ensuite sept ans à la DTA, Bureau Opérations, où j'étais spécialisé sur les enregistreurs de bord.


Troisième étape : Ingénieur de l'Aviation Civile

Je suis encore retourné à l'ENAC pour deux ans en tant qu'élève Ingénieur de l'Aviation Civile (Promotion IAC 69). À l'occasion d'un mémoire de fin d'études sur l'organisation de l'aviation civile en URSS, j'ai été amené à faire un stage de deux semaines à l'Institut des Ingénieurs de l'Aviation Civile de Kiev, « l'ENAC soviétique ». J'avais appris le russe pour l'occasion et cette première expérience a été la source d'échanges intéressants par la suite entre les deux écoles, qui n'avaient jamais eu de contact jusqu'alors.

En 1971, à « ma troisième sortie » de l'ENAC, j'ai été démarché par Air Inter, à la suite d'une demande exprimée par le PDG de cette compagnie auprès du Directeur de l'ENAC. L'heure était venue de prouver, par une nouvelle expérience, que la formation des ingénieurs à l'ENAC était tout à fait adaptée aux besoins des compagnies aériennes. Je n'avais pas le droit à l'échec. J'ai été surveillé comme du lait sur le feu au début, mais je n'ai pas eu de mal à remplir le contrat. J'étais tout à fait à l'aise dans ce milieu et j'ai été très heureux de constater que j'avais ouvert une voie, car les recrutements d'ingénieurs diplômés de l'ENAC se sont multipliés par la suite. J'en ai embauché plusieurs pour ma part. C'est devenu banal de nos jours.

Au bout de vingt ans à Air Inter (trois ans à la Direction de l'Exploitation et dix-sept ans à la Direction du Matériel), j'ai été appelé personnellement, un jour, par Bernard Attali, alors PDG de la Compagnie Nationale, qui m'a appris que j'étais le seul cadre supérieur russophone dans tout le Groupe Air France et qu'à ce titre il voulait me confier une mission particulière dans l'ex-URSS, après la chute du mur de Berlin. Il voulait que je fasse office de conseiller pour déterminer les possibilités de développement du Groupe Air France en Russie et dans les pays satellites (CEI) et identifier les responsables avec lesquels on pouvait envisager de traiter.  J'ai rejoint pour cela la Direction des Relations Internationales d'Air France où un poste a été créé pour moi et pendant quatre ans, j'ai eu carte blanche pour « explorer » la région et nouer les bons contacts. J'ai, de ce fait, rencontré tous les hauts dirigeants du transport aérien de la nouvelle CEI et cette dernière mission a débouché sur plusieurs contrats pour le Groupe Air France.


Si je me suis un peu attardé sur tous ces détails, ce n'est pas pour en tirer gloire, mais pour montrer aux jeunes générations, qu'avec un peu de courage et beaucoup de détermination, on peut effectuer une carrière passionnante. Tout ceci, je le dois en grande partie à l'ENAC.

J'appartiens à une génération qui a connu les tout premiers élèves de l'ENAC, y compris son directeur-fondateur, Guy Du MERLE, avec qui, hasards de la vie, je suis devenu ami par la suite. J'ai également très bien connu Robert ALADENYSE, qui s'est impliqué fortement dans la création de l'association des anciens élèves de l'ENAC.

J'ai voulu, par ce témoignage, apporter une dernière pierre à l'édifice, avant que la mémoire de cette période n'existe plus que dans les livres.


L'ENAC n'avait que 23 ans lorsque j'en suis sorti, la dernière fois, en 1971. C'était encore une « jeune fille. » Mais 54 ans plus tard, en 2025, notre école est devenue « une grande dame », plus que respectable. Alors vive les Alumni et longue vie à l'ENAC !


Daniel DESORMIERE

 



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